IN FLEXION

Martin REYNA – Marina FONT – Leonardo TROMBETTA

PARIS – du 17 au 20 octobre 2024

IN FLEXION

 

Trois Argentins, trois points de vue

Nous sommes face à la présence de trois artistes argentins travaillant sous trois latitudes différentes : l’Argentine, les États-Unis et la France. Trois courants radicalement différents qui se confondent tel un kaléidoscope de formes et d’émotions.

Dans une contemporanéité qui parie sur la diversité, il existe en parallèle l’insistance à trouver une allégation qui parvient à encapsuler diverses propositions dans une cause commune. Comment tresser ces œuvres dans un discours qui les englobe toutes sous un parapluie unificateur ? La clé réside justement dans le fait de ne pas chercher un fil linéaire mais plutôt de trouver les méandres qui les séparent et les reflètent pour façonner un récit de questions-réponses, un lieu où chacune des quêtes artistiques nous surprend et nous conduit aux différentes circonstances des vies humaines.

Marina Font, (1970, Córdoba, Argentine, vit à Miami) L’artiste présente les textiles à travers l’image de nus féminins, impossibles à dissocier des discours néoféministes contemporains.

Elle décrit et réécrit le féminin à travers des objets qui pourraient bien être des tapis ou des couvertures dans lesquels la figure humaine féminine, entière ou fragmentée, le visage couvert ou non, sont le leitmotiv de cette production. Position hiératique entre l’étalage anatomique et la fragilité du corps nu exposé dans l’impuissance, à la fois fort, subjectif et déclamant.

D’un autre côté, Leonardo Trombetta (1968, Buenos Aires, Argentine) dont les porcelaines, aux personnages émergeant comme arrachés de la matière, apparaissent abruptes et désincarnées. Nous sommes face à une œuvre déchirée et forte, avec une haute tension subjective. Ses œuvres nous rapprochent du récit le plus transversal de l’humanité tout entière, de la relation primordiale entre l’humain et l’animal, entre physis et logos, entre le sublime et le sinistre. L’œuvre de Trombetta donne la preuve d’une âme qui va « prendre corps » de la porcelaine. Elle se rapporte à des êtres qui tentent de réaffirmer leur force, leur lourdeur et leur matière au sein de leur propre monde grotesque d’argile dense.

L’œuvre de Martin Reyna, (1964, Buenos Aires, vit en France) se développe dans une optique paysagère, mais une manière d’appréhender le paysage depuis le plan pictural dans une co-écriture entre l’artiste, la couleur et l’eau, ou plutôt c’est l’eau qui dirige la forme et la couleur qui s’emparent du territoire du papier presque au point de faire disparaître l’artiste, loin de l’idée du contrôle absolu du peintre devant un papier vierge. Des  immenses peintures qui sont des installations sur papier, des formes labyrinthiques qui se nouent et se dénouent sous le domaine de l’eau. La couleur s’empare de l’espace vallonné et humide et va ouvrir un chemin qui doit être parcouru lentement et faire ainsi partie de l’interprétation.

Maria Gnecco

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