Habiter la Matière – en collaboration avec la galerie Mindy Solomon

Frances TROMBLY – Eduardo CARDOZO – Alicia ESQUIVEL – Leonardo TROMBETTA

PARIS – octobre 2025

Habiter la Matière

La matière, dans l’art contemporain, n’est pas seulement un support : elle devient lieu de présence, espace de mémoire et vecteur d’expérience sensorielle. Habiter la Matière explore cette condition à travers le travail de quatre artistes qui, chacun à leur manière, réinventent le rapport à la matière et à l’espace, confrontant le spectateur à la densité du geste et à la force de la perception.

L’œuvre de Frances Trombly s’attache à libérer la fibre et la toile de leur fonction première. Ce qui est ordinairement un simple support devient protagoniste, prenant une présence énigmatique, parfois inquiétante, parfois délicate. Entre peinture, sculpture et textile, Trombly interroge le domestique et l’artisanal, et propose une réflexion sur la valeur intrinsèque de la matière brute, tout en déstabilisant notre regard quotidien.

Avec Eduardo Cardozo, la matière se fait silence et méditation. Ses toiles, denses et habitées par la couleur et le geste, sont comme des échos de rêves oubliés. Cardozo dialogue avec la modernité — de Klee à Kandinsky — mais à partir d’une écoute intime, attentive aux résonances propres à la peinture. Représentant l’Uruguay à la Biennale de Venise en 2024, son travail confirme une portée internationale et invite le spectateur à une contemplation active, à l’écoute attentive de ce que la peinture continue de murmurer.

Les œuvres d’Alicia Esquivel condensent la mémoire dans des objets d’une intensité rare. Ses bijoux, à la fois fragiles et scintillants, deviennent des capsules narratives, évoquant désir, intimité et identité. Par l’ornement, Esquivel transforme le corps en vecteur de récits silencieux et universels, conférant à l’objet une dimension poétique et émotionnelle.

Leonardo Trombetta redéfinit la fonction de l’objet utilitaire. Ses chandeliers en porcelaine deviennent des architectures suspendues, des jeux d’ombre et de lumière, oscillant entre sculpture et rituel esthétique. Trombetta interroge la tension entre utilité et poésie, lumière et obscurité, et nous force à repenser notre perception du quotidien.

Habiter la Matière propose ainsi un parcours où chaque œuvre est un espace à habiter, une matière à écouter et à ressentir. L’exposition offre une expérience où la contemplation, la sensation et la mémoire se rencontrent, révélant que la matière, dans sa densité et sa présence, est un lieu de rencontre entre le geste de l’artiste et le regard du spectateur.

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