LA LUMIÈRE DE L’OBSCURITÉ

PARIS – 9 au 11 juin 2017

Lorsque que l´on est confronté à des œuvres qui ne reflètent pas une réalité palpable, on se retrouve face à un monde incertain de spéculations et de mystères. Il est alors nécessaire de déchiffrer les inconnues que soulève toute œuvre qui chevauche l´obscurité de l´abstraction, et découvrir ainsi la part lumineuse de cette même obscurité.

Giovanni Canova nous invite à réaliser un voyage dans son intense univers artistique.

Son œuvre se submerge dans les immensités de la spiritualité humaine et elle le fait avec une claire intention de fusionner ce que l’histoire, la philosophie, la religion et l’art ont essayé de séparer. Chacune de ses pièces est témoin de la vocation de l´artiste à nouer les contraires, en les transformant en une seule entité duale.

Corps-âme, terre-ciel, forme-concept, tableau-objet, s´établissent sur un horizon unique. Tous ces principes se tissent entre eux, constituant la trame de la vie humaine. Un artiste qui comprend le transit humain comme une union indissoluble et continue entre l’esprit et la matière.

Ses préoccupations pour le transcendantal, le rituel, la transformation, le mysticisme, l’alchimie s´expriment sous forme de tâches chromatiques floues, qui, telles des constellations picturales, rendent compte d´un univers abstrait qui nous inclut tous.

Giovanni Canova appartient à cette race d’artistes qui remettent en cause la position de l’œuvre d’art comme simple objet esthétique. Il a créé un système allégorique propre en combinant des matériaux denses afin d’évoquer la faculté la moins matiériste que tout être humain possède : la spiritualité. Il transcende les limites de son art et nous entraine vers l’infini et l’intangible. Pour comprendre son travail, il nous est nécessaire de saisir l’opportunité, même pour un instant, de nous transformer en des êtres transcendants et illimités.

La présence de l’imposante charge matérielle de chaque œuvre est éclipsée par sa propre dimension immatérielle, connectant la matière au plus intime et ancestral de l’esprit humain. En même temps, il établit des superpositions constantes entre le concept et la forme. La référence à l’histoire de l’humanité, de la pensée et des religions est inscrite dans toute l’exposition, rendant plus forte l’idée d’atemporalité.

L’artiste utilise les glacis, les transparences et le collage pour établir un jeu délicat entre l’occulte et le dévoilé, nœud vertébral de toute sa production.

Parcourir l’œuvre de Giovanni Canoca, c’est effectuer une traversée aller-retour constante de l’humain au mystique et vice-versa.  Du conscient à l’inconscient et vice-versa. De ce qui se voit à ce qui se cache. Et vice-versa.

C’est comme marcher sur le ruban de Moebius, sans début ni fin, où l’externe devient interne, où tout revient au commencement et simultanément vole vers l’infini.

Dans cette exposition, Giovanni Canova nous propose un voyage vers un lieu où se donnent rendez-vous le terrestre et le céleste, l´humain et le divin. Il nous incite à plonger dans les silencieuses et trop souvent inexplorées profondeurs de notre existence, pleine de lumières et d’ombres, de larmes et d’alléluias.

J’ignore si le spectateur sortira modifié à l’issue de cette expédition, j’ignore s’il se verra reflété dans les œuvres, mais ce dont je suis sûre, c’est que dans un petit coin de sa conscience, il aura découvert à quel point l’obscurité peut être lumineuse.

 

Maria Gnecco, 2015 
Professeur Nationale des Beaux Arts

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