Gladys Nistor crée « des sculptures sans corps, faites de la même matière que le souffle, les mots ou les rêves». Elle invente des volumes en trompe-l’œil qui plongent le spectateur dans une troisième dimension. Ses formes semblent flotter dans l’espace ou sortir du mur à travers un dialogue intime entre la lumière et le noir compris comme une expression ultime de la matière. Nistor a transformé sa pratique de la sculpture jusqu’à extraire de sa production toute idée de pesanteur. Sur le mur se projettent des volumes géométriques qui appartiennent au domaine des signes. Ils donnent l’impression de trouer le mur, d’être des volumes en saillies ou des objets en suspension. Les lois de la gravité ne s’appliquent plus à ces objets. Ses œuvres sont des installations in situ aux dimensions variables. Elles épousent l’espace qui les accueille en kidnappant une partie d’un mur, un angle, une surface vide de l’architecture. Gladys Nistor refuse les procédures laborieuses. « Je cherche à abolir le plus possible la fastidieuse tâche de me frotter à la matière ». Elle voudrait créer ses pièces à la manière du récit biblique, où le monde se crée en le nommant. Ses installations happent le spectateur comme un coup de foudre. Elles ont une puissance immédiate. Chacune d’elles cristallise un alignement parfait, une rencontre possible entre la lumière et le noir qui a lieu dans un temps unique. Comme dit Nistor, une célébration « de l’ici et du maintenant ».